Observer un cheval léthargique, avec un écoulement nasal anormal, est une situation inquiétante. La rhinopneumonie équine, souvent appelée "rhume des chevaux", est une maladie virale grave pouvant impacter sévèrement la santé de votre équidé. Environ 5% des chevaux infectés par le virus EHV-1 développent la forme neurologique, soulignant l'importance de la prévention et d'une intervention rapide. Comprendre les symptômes, la transmission et les mesures préventives est crucial pour protéger votre cheval et votre élevage. Ce guide complet vous fournira les informations nécessaires pour gérer efficacement cette maladie virale.
Symptômes de la rhinopneumonie équine (RPE)
Deux virus principaux causent la rhinopneumonie équine : l'herpèsvirus équine de type 1 (EHV-1) et de type 4 (EHV-4). Ces virus provoquent deux formes distinctes de la maladie : respiratoire et neurologique. La forme respiratoire est la plus fréquente, mais la forme neurologique, bien que plus rare, est extrêmement grave.
Forme respiratoire
La sévérité de la forme respiratoire varie considérablement. Des symptômes légers peuvent passer inaperçus, tandis que des symptômes sévères nécessitent une intervention vétérinaire immédiate. La période d'incubation dure généralement de 2 à 5 jours.
- Symptômes légers (souvent confondus avec un simple rhume) : Écoulement nasal clair ou légèrement mucopurulent, légère toux occasionnelle, légère fièvre (38,5-39°C), légère dépression, perte d'appétit.
- Symptômes modérés : Écoulement nasal plus abondant et mucopurulent (jaunâtre ou verdâtre), toux plus fréquente et persistante, fièvre plus élevée (39-40°C), léger essoufflement (tachypnée), augmentation de la fréquence cardiaque.
- Symptômes sévères : Écoulement nasal abondant et épais, toux intense et persistante, forte fièvre (au-dessus de 40°C), difficultés respiratoires importantes (dyspnée), conjonctivite (yeux rouges et larmoyants), anorexie (perte d'appétit) importante, déshydratation.
| Symptôme | Léger | Modéré | Sévère |
|---|---|---|---|
| Écoulement nasal | Clair/légèrement mucopurulent | Mucopurulent abondant | Très abondant, épais, purulent |
| Toux | Occasionnelle | Fréquente, persistante | Intense, persistante, épuisante |
| Fièvre (°C) | 38,5-39 | 39-40 | >40 |
| Fréquence respiratoire | Normale | Augmentée (tachypnée) | Fortement augmentée |
| Appétit | légèrement diminué | Diminué | Perte d'appétit (anorexie) |
Forme neurologique
La forme neurologique, principalement associée à l'EHV-1, est une complication grave qui touche le système nerveux central. Elle peut entraîner des dommages neurologiques irréversibles et une mortalité importante. La survenue des signes neurologiques survient généralement entre 2 et 10 jours après le début des symptômes respiratoires.
- Ataxie (perte de coordination des mouvements): démarche chancelante, difficulté à se tenir debout.
- Faiblesse musculaire: dans les membres postérieurs, antérieurs ou les deux.
- Paralysie partielle ou totale des membres.
- Troubles de la vision: myosis (rétrécissement des pupilles), strabisme (déviation des yeux).
- Tremblements musculaires.
- Incontinence urinaire ou fécale.
- Déprimé, apathique.
Le pronostic dépend de la sévérité de l'atteinte neurologique. La récupération peut prendre des semaines, des mois, voire des années, et n’est pas toujours complète. Une attention médicale spécialisée et une rééducation intensive sont cruciales.
Symptômes chez les poulains
Les poulains sont particulièrement vulnérables à la RPE. Ils peuvent présenter les mêmes symptômes que les adultes, mais avec une évolution plus rapide et une plus grande sévérité. La déshydratation et la diarrhée sont des signes fréquents et graves chez les jeunes chevaux, nécessitant une intervention vétérinaire immédiate.
Importance du diagnostic précoce
Un diagnostic précoce par votre vétérinaire est primordial. Il permettra d’adapter le traitement et de limiter la propagation dans l’écurie. Des tests de laboratoire peuvent être réalisés pour confirmer le diagnostic et identifier le type de virus impliqué. N'hésitez pas à contacter votre vétérinaire dès les premiers symptômes suspects.
Prévention et gestion de la rhinopneumonie équine
La prévention est la meilleure approche pour contrôler la rhinopneumonie équine. Une combinaison de stratégies est nécessaire pour minimiser le risque d'infection dans votre écurie.
Prévention
La vaccination est un élément essentiel de la prévention. Il existe différents vaccins pour l'EHV-1 et l'EHV-4, leur efficacité variant selon les vaccins et les souches virales. Un protocole de vaccination adapté, déterminé par votre vétérinaire en fonction du risque d’exposition de vos chevaux, est crucial. La vaccination diminue la gravité de la maladie, mais ne l’empêche pas totalement.
Une hygiène rigoureuse est indispensable. Cela comprend :
- Désinfection régulière des équipements, des boxes et des zones communes (eau de javel diluée à 10%, produits virucides homologués).
- Isolation immédiate des chevaux malades dans un box séparé.
- Gestion appropriée des déjections et des effluents.
- Contrôle strict de l'accès à l'écurie par les visiteurs.
- Désinfection des remorques et des transports avant et après chaque déplacement.
La gestion du stress est aussi un facteur clé. Un environnement calme, une alimentation équilibrée et des interactions sociales appropriées renforcent le système immunitaire du cheval et le rendent moins susceptible aux infections. Le surmenage, le transport prolongé et les changements brutaux d'environnement peuvent favoriser l'apparition de la maladie.
Protocoles de biosécurité : Il est important d'établir des protocoles de biosécurité adaptés à votre situation (petit élevage, compétition, déplacement). Cela peut inclure des restrictions de visite, une quarantaine pour les nouveaux arrivants, et la tenue de registres précis de l'état de santé des chevaux.
Gestion de la maladie
L'isolement immédiat du cheval malade est primordial pour contenir la propagation. Des soins de soutien sont essentiels: hydratation (sérum intraveineux si nécessaire), surveillance de la température, alimentation adaptée (fourrage appétissant, aliments faciles à digérer), traitement symptomatique (antipyrétiques, antitussifs si nécessaire).
Les traitements antiviraux peuvent être envisagés par votre vétérinaire, mais leur efficacité est variable. L’objectif principal est de soutenir le cheval pendant que son système immunitaire combat l'infection. Une surveillance clinique régulière, incluant une prise de température plusieurs fois par jour, est essentielle pour suivre l’évolution de la maladie.
Réhabilitation après une atteinte neurologique
La réadaptation d'un cheval ayant souffert d'une forme neurologique de RPE est un processus long et exigeant. Il peut nécessiter plusieurs mois ou même des années de soins spécialisés, notamment la kinésithérapie équine, la physiothérapie et une adaptation de son environnement pour faciliter ses déplacements et sa mobilité.
La durée et la réussite de la rééducation dépendent de la gravité des dommages neurologiques. L'objectif est de restaurer la mobilité, la force musculaire et la coordination du cheval au maximum de ses capacités. Une approche multidisciplinaire, incluant un vétérinaire, un kinésithérapeute et un maréchal-ferrant, est souvent nécessaire.
Cas particuliers et complications
Les juments gestantes sont particulièrement vulnérables: l'infection peut causer des avortements (perte du fœtus) ou des malformations congénitales chez les poulains. Une surveillance vétérinaire rigoureuse est indispensable pendant la gestation. Les poulains nouveau-nés sont également plus sensibles aux complications, et une attention particulière doit être portée à leur hydratation et à la prévention de la déshydratation.
Les infections bactériennes secondaires sont fréquentes et peuvent aggraver le pronostic. Une pneumonie, une infection secondaire des voies respiratoires, peut survenir, nécessitant un traitement antibiotique adapté. Une surveillance constante de l'état respiratoire est essentielle.
La rhinopneumonie équine est une maladie sérieuse. Une approche préventive rigoureuse, une surveillance attentive et une intervention vétérinaire rapide sont essentielles pour protéger vos chevaux.